
Des jours plus heureux
Légendes
Je connais Zavala depuis longtemps, vous savez. C'était l'une des premières personnes à m'accueillir lors de mon arrivée à la Tour il y a de cela des années. Encore que « m'accueillir » ne semble pas le terme adéquat, trop doux. Il implique une certaine tendresse, une certaine chaleur. Et Zavala… si vous ne l'avez jamais rencontré, il peut se montrer un peu austère. Il s'est encore endurci depuis la Guerre rouge. Cela me désole, même si je suppose que c'est un peu notre lot à tous. Dans tous les cas, notre première rencontre m'a laissé un goût amer. Je n'aime pas l'admettre, mais j'ai évité Zavala dès que j'en ai eu la possibilité après cela, même s'il a parfois su se rendre inévitable. Peu de temps après cette rencontre, j'ai célébré mon premier Avènement à la Tour. Tout le monde était joyeux, et il était plaisant de constater que toutes les personnes présentes prenaient soin de sourire et de se féliciter. Je me souviens que Tess et moi venions d'apporter certaines touches décoratives, et qu'elle était partie chercher quelque chose lorsque Zavala s'est dirigé dans ma direction. « Oh non… Pas lui. », ai-je pensé. Mais il s'est tout de même approché de moi, alors je lui ai souri et lui ai souhaité un joyeux Avènement. Je désirais réellement qu'il connaisse des événements heureux. Il s'avère souvent que les plus austères d'entre nous sont également ceux dont le cœur est le plus triste. Il m'en a souhaité autant, puis il m'a souri ! Je n'en revenais pas. Nous avons échangé quelques plaisanteries et… je ne sais ce qui a mené à cette discussion, mais il s'est soudainement exclamé « Oh, cela me rappelle une blague ! » Une blague ! Au début, j'ai cru avoir mal entendu. Le Titan de l'Avant-garde ne m'avait jamais paru quelqu'un de prompt à la plaisanterie. Il avait à peine entamé le récit de son histoire que je notais déjà un certain relâchement dans sa posture. À croire que l'esprit de l'Avènement avait atteint même l'homme de pierre. Je ne me souviens que de certaines bribes de l'histoire désormais, je crois qu'elle parlait d'un Gardien et d'un Capitaine déchu. Par contre, je me rappelle très bien qu'il a buté sur les premiers mots et qu'il a dû reprendre du début. Je lui ai offert mon sourire le plus chaleureux afin de l'encourager, et il s'est alors employé à me raconter la plaisanterie la plus longue et la plus bizarre que j'aie jamais entendue. J'en ai savouré chaque minute, croyez-moi. Je n'aurais réellement pas pu être plus heureuse. J'ai ri et applaudi en découvrant la joie véritable qui émanait de Zavala. Assister à l'ouverture d'une âme si réservée, il n'y a guère chose plus belle. J'ai admiré sa manière de repousser les limites qu'il s'était fixées. Je me souviens d'avoir souhaité être un jour capable de faire preuve d'autant de courage. Pour la première fois, je ne le respectais plus seulement parce qu'il était l'un des dirigeants de la Cité. Pour la première fois, j'ai senti une profonde et réelle affection pour Zavala, pour sa personne. Zavala, mon ami. Je le porte dans mon cœur depuis ce jour. --- Gjallarteaux : Mélanger de la Canne à sucre éthérique avec une Explosion de saveurs, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Des traditions importantes
Légendes
Lorsque Tess m'a informée que les cadres avaient organisé l'Avènement dans la nouvelle Tour alors que je me trouvais au Domaine, je n'en revenais pas. Comment avaient-ils pu faire cela sans moi ? Puis j'ai pensé : « Eva, ces traditions sont plus importantes que toi. Elles sont ancrées dans le cœur et l'esprit de ceux qui se les sont transmises de génération en génération ! » Maintenant que je suis à nouveau à la Tour, j'aide à créer la plus belle célébration de l'Avènement jamais conçue. Et je poursuis une tradition que je ne manquerai pas de répéter chaque année : je demande à Ikora de fabriquer le Cristal d'Avènement, et j'insiste jusqu'à ce qu'elle le fasse. Je prends rendez-vous pour discuter des décorations, mais je sais qu'elle est toujours occupée par des affaires urgentes de l'Avant-garde. C'est pour cela que quand j'entends des discussions à voix basse en m'approchant de son alcôve, je ne fais pas irruption dans la pièce. Je jette simplement un coup d'œil. Ikora grommelle, visiblement sur le point de s'énerver. « Des décorations de l'Avènement ! Je n'ai pas de temps à consacrer à ces frivolités… » Une voix masculine répond : « Cela n'a rien de frivole. Les gens en ont besoin. Je comprends que cela soit difficile, c'est le premier Avènement sans Cay… » « Ça suffit, Ophiuchus. Plus un mot. » Je ne vois pas à qui parle Ikora et je ne reconnais pas ce nom, mais le ton d'Ikora est tranchant. « J'ai d'autres préoccupations. Qu'en est-il des derniers rapports concernant la Côte enchevêtrée ? Je ne sais quoi en penser. Et mes Clandestins me signalent que quelque chose se prépare… » J'observe ses yeux qui parcourent le couloir principal et se posent sur un recoin partiellement fermé par un portail. « Oui, Ikora. Mais… » « Et nous n'avons pas de nouvelles d'Osiris. Je m'y attendais un peu, mais… » Elle secoue la tête. « Avec tout le respect que je vous dois, pourquoi ne pas simplement lui envoyer un message ? » « Peut-être. Mais je n'ai pas le temps de… » Elle s'arrête net. « Eva Levante ! » Je prends bien garde de marcher bruyamment et de froisser les nombreux plans de Cristal d'Avènement en entrant. Pourquoi lui laisserais-je penser que j'écoutais aux portes ? Ikora me regarde, les bras croisés. Son Spectre plane au niveau de son oreille, émettant un vrombissant synonyme de vigilance. « Joyeux Avènement, Ikora Rey ! », dis-je en guise d'entrée en matière. Elle comprend à mon large sourire et à ma manière franche d'étaler les plans parmi lesquels elle doit choisir qu'elle s'en sortira à meilleur compte si elle dit oui. Elle respecte nos traditions. Elle refuse deux fois, puis finit par lâcher : « D'accord, Eva, d'accord. » Cependant, elle ne croit pas à l'importance du cristal. Elle évite mon regard, mais je découvre que son Spectre cligne de l'œil à mon intention. Le plan qu'elle promet d'exécuter est splendide. Nous convenons de nous revoir dès qu'elle l'aura terminé. Je la rejoins au Bazar alors que j'effectue quelques courses avec mon assistante, Malia. Il y a tant de choses à faire à la dernière minute ! Quand nous nous approchons, Ikora et Ophiuchus sont rassemblés. Elle ne cesse de remuer la tête, mais lève les bras et un énorme Cristal d'Avènement apparaît soudainement dans les cieux au-dessus de la Tour, semblable à un million de diamants suspendus dans les airs. Malia en a le souffle coupé. Elle n'a jamais été aussi haut dans la Tour et n'a jamais vu le cristal de si près, seulement depuis la Cité tout en bas. Elle en lâche tous les paquets qu'elle portait. L'Arcaniste de l'Avant-garde aide Malia à les ramasser, les empilant les uns sur les autres. Malia, figée, l'observe elle et ses mains qui ont fait apparaître de la lumière à partir de l'air. Le visage balafré de la pauvre jeune fille est baigné de larmes qu'elle essuie avec sa manche sans pouvoir en stopper le flot. Sa famille avait fui la Cité pendant la Guerre rouge, et bien qu'elle ait survécu et pu se rebâtir un foyer, la véritable beauté n'était pas entrée souvent dans leurs vies. Malia effleure le bras d'Ikora et parvient à émettre un remerciement. Ses joues s'empourprent. Alors je m'agenouille aussi, plus lentement qu'auparavant, et je prends les paquets des mains d'Ikora. Tous sauf un, attaché par un ruban doré et estampé d'un œil ouvert encerclé par un soleil. Je hoche la tête et le presse dans ses mains. J'entends alors le Spectre d'Ikora murmurer : « Je vous l'avais dit ». Et Ikora de répondre : « En effet. » --- Beignets du Voyageur : Mélanger de l'Huile cabale avec un Éclair de génie, ajouter de l'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Avènement avant l'heure
Légendes
Amanda m'a dit un jour que sa mère, Nora, faisait partie des gens du désert et venait d'un endroit très, très lointain. Nora arpentait les routes depuis sa plus tendre enfance, parfois munie d'une simple carte antique griffonnée et de son fusil à pompe. Elle n'avait jamais eu besoin de grand-chose, mais la compagnie des gens lui était vitale. Nora avait rencontré le père d'Amanda dans un village à demi abandonné, et lorsqu'elle lui avait parlé de la dernière Cité, il l'avait suivie. Ils étaient tout, l'un pour l'autre, leur seule famille. Ils avaient été rejoints par des réfugiés le long du chemin, et en avaient perdu d'autres. Puis ils avaient eu leur précieuse petite fille. Le trajet a dû être long avec un nouveau-né, puis une enfant en bas âge. Mais ils y ont cru. Ils avaient espoir. Ils ont insisté. Amanda m'a parlé d'un Avènement qu'ils avaient passé dans la nature. Ils avaient rencontré une autre famille avec une fillette, Lucia, à peine plus âgée qu'Amanda. C'étaient des compagnons de voyage agréables. Ils s'étaient retrouvés au cœur de la forêt, le vent hurlant dans les cimes, une tempête à l'horizon et les branches arrachées des arbres… Ils comprirent qu'ils devaient rester sur place. Ils trouvèrent l'épave d'une barge, penchèrent une aile et un flanc froissé, et se tassèrent tous, enfant et adultes, dans l'espace sec sous la coque rouillée. La mère d'Amanda déclara alors : « Nous allons devoir rester ici un moment. Pourquoi ne pas faire quelque chose pour nous égayer l'esprit ? » Elle envoya donc les adultes chercher de quoi manger, boire et rester au sec. Le père d'Amanda revint avec des plantes à longues feuilles pouvant être tressées pour former des tapis. Leurs compagnons rapportèrent les gourdes pleines d'eau, des fruits à épine et une douzaine de légumes sauvages semblables à des concombres. Tout ceci allié au poisson séché que contenaient leurs paquetages fit un véritable festin. Alors que les adultes s'afféraient, Lucia pliait l'écorce des fruits pour former de petites fleurs et la petite Amanda s'agitait, désœuvrée. « Rends-toi utile, crée des décorations », lui demanda sa mère. Elle lui confia des câbles, des écrous, des boulons et un circuit imprimé recouvert de petites lumières. Lucia s'approcha en courant, une vieille pile à la main. Ensemble, les fillettes fabriquèrent des guirlandes miniatures avec des petites ampoules. Lucia montra à Amanda comment mettre les fils en contact avec la pile pour les allumer. De petites lumières brillantes illuminèrent la vaste forêt sombre. Amanda m'a parlé de ce fruit à la chair blanche et tendre, mais au goût acide. Elle m'a parlé des airs sans parole inventés qu'ils avaient fredonnés en tapant sur les murs métalliques de leur abri. Elle ne se souvient pas du fruit dont il s'agissait. Il n'existe peut-être plus. L'autre famille ? Elle avait été séparée de celle d'Amanda. Plus tard, les parents d'Amanda… disparurent, comme tant d'autres sur le chemin de la dernière Cité. Mais Amanda Holliday fabrique toujours les lumières, vous savez. Elle utilise un bric-à-brac étrange pour décorer son atelier. Elle le fait à chaque Avènement. --- Vaisseaux en chocolat : Mélanger de l'Huile cabale avec un Goût du Néant, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

C'est l'intention qui compte
Légendes
Certains résidents de la Tour l'occupent depuis très longtemps. Les Gardiens, les Exos, l'ancien Seigneur de Fer… Ils ont vu passer un Avènement après l'autre. Même avant que la Tour ne fête cet événement à la manière actuelle, il y a toujours eu des gens pour organiser des cérémonies en l'honneur de la Lumière et de l'espoir. Parfois, ces souvenirs se mélangent, mais le sentiment… le sentiment demeure. Cette période de l'Avènement… la semaine dernière ? Celle d'avant ? Je ne m'en souviens pas. Ah ah ! L'un de mes fournisseurs m'a informé que deux de mes colis avaient été livrés à l'Armurier par erreur. Je suis donc allée voir Banshee-44 pour régler la situation. L'Exo n'a aucun souvenir d'une telle livraison, mais il me reconnaît et je m'aperçois que la lueur de ses yeux s'illumine un petit peu plus. « Cela doit être pour l'Avènement », murmure-t-il avant de faire demi-tour et de se diriger tout droit vers certaines étagères à l'arrière. Il revient avec deux grandes caisses. « Celles-là ? » demande-t-il. Nous ouvrons la première. À l'intérieur, nous trouvons une très, très vieille boîte de chocolats, diverses trousses de nettoyage d'arme, un exemplaire du livre « Bourreau des cœurs » que je connais, mais qui n'est pas à mettre entre toutes les mains, un collier avec une balle en guise de pendentif, soigneusement rangé dans une petite boîte, et des tas de cartes de vœux de l'Avènement. Je secoue lentement la tête. « Ça, ce sont les cadeaux qui vous ont été faits pour l'Avènement, Banshee ! » L'Armurier cligne plusieurs fois des yeux, puis referme le carton. Je m'inquiète du fait qu'il n'ait pas encore jeté ces chocolats, mais qui sait, peut-être l'année prochaine. Je me tourne vers l'autre carton sur le comptoir. Il soulève le couvercle. Il est rempli de cadeaux de l'Avènement, emballés dans du papier coloré et noués à l'aide d'un ruban brillant. Certains sont dans de petites boîtes, et d'autres sont des armes, évidemment. Ils portent tous une étiquette. « Je crois que ce sont les cadeaux que vous voulez offrir à vos amis cette année, non ? », dis-je avec un sourire complice. Banshee hoche rapidement la tête et retourne les étiquettes afin de les lire. Je découvre que certaines comportent des instructions très détaillées. L'Exo hausse les épaules. « J'ai pris l'habitude de tout écrire. Parfois je… je ne me souviens pas de tout. » Il fait un geste comme pour évacuer cette pensée. « Bon. » « J'ai toujours besoin de mes fournitures. Les caisses que je suis venue chercher, vous savez ? » Je lui donne un petit coup de coude. Il penche la tête pendant un instant, puis lève un doigt. « Oh. Je sais où elles se trouvent. » Mais avant qu'il ne reparte avec ses caisses, j'en tapote les couvercles. « Vous devriez les étiqueter. "Anciens cadeaux de l'Avènement" et "Nouveaux cadeaux de l'Avènement à distribuer". » Il fait oui de la tête et gribouille sur les couvercles. « Je n'oublie jamais mes amis pour l'Avènement. », prend-il soin de me dire en me remettant mes colis. « J'en suis ravie. Joyeux Avènement, Banshee ! », dis-je en lui prenant le bras. J'espère qu'il pensera à se débarrasser de ces chocolats. --- Tapioca télémétrique : Mélanger du Lait vex avec un Siphon à balles, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Nos choix nous définissent
Légendes
Parfois, lorsque j'affronte quelque chose d'effrayant, je pense aux personnes les plus fortes que je connaisse et je m'en inspire. Suraya Hawthorne est l'une d'elles. Je sais que son attitude brusque peut être déstabilisante et qu'elle en joue. Mais une fois cette première impression dépassée, il y a tellement de choses à découvrir. Enfant orpheline, elle fut accueillie par Devrim et Marc. Je pense sincèrement que c'est parce qu'elle les a eus comme modèles qu'elle était aussi forte aujourd'hui. Ils en ont fait une personne sûre d'elle, qui agit toujours dans l'intérêt de ce qu'elle considère juste… même si cela a fini par la forcer à quitter la Cité. Aux dires de Suraya, elle rentra un jour chez elle et trouva Marc et Devrim assis dans la cuisine. Ils avaient l'air de l'attendre. Ils la firent s'asseoir et lui demandèrent si elle avait quelque chose à leur dire. Elle secoua la tête. « Non. » Marc reposa la question, mais elle garda le silence. Il lui expliqua alors que l'Intendant Hideo était venu leur rendre visite. Elle demanda comment il allait. « Tu le sais très bien, répliqua Devrim. Raconte-nous ce qui s'est passé. » « Son visage s'est retrouvé sur mon chemin. » Marc prit une profonde inspiration et expliqua que Hideo avait affirmé l'avoir surprise en train de voler des provisions le matin même. Il lui demanda de s'expliquer, mais elle n'en fit rien. Il lui rappela que voler des provisions et casser le nez d'un chef de faction étaient deux très bonnes manières de se faire expulser de la Cité. Suraya ne put plus se retenir. Elle se mit pratiquement à hurler pour s'expliquer : les factions n'avaient que faire des gens qui avaient besoin de nourriture ou de fournitures. Ces gens étaient bien trop occupés à survivre pour faire allégeance à une faction. Elle avait voulu les aider, alors elle volait de temps à autre des provisions à la Nouvelle Monarchie. Devrim lui demanda : « Et pour Hideo ? » Suraya leva les yeux au ciel, émit un grognement et expliqua que lorsqu'il l'avait trouvée, il n'avait pas eu que des mots doux à son égard : c'était une vermine, incapable et bonne à rien. Ce genre de choses. Devrim reconnut que Hideo était… eh bien je ne vais pas répéter ses paroles, mais cela signifiait en gros « une personne déplaisante ». Cependant, il avait beaucoup d'influence et il tenait absolument à ce que Suraya soit sévèrement punie. Chez elle, cela sembla cristalliser quelque chose. Elle me raconta que c'était la première fois qu'elle avait ressenti le désir de quitter la Cité, et que c'était peut-être en partie pour cela qu'elle avait frappé Hideo. Elle en parla à ses tuteurs qui ne purent la croire. Ils restèrent silencieux un moment. Puis, Devrim rompit le silence. « Très bien, allons préparer les valises dans ce cas. » « Non, répondit-elle, il n'en est pas question. » Elle n'allait certainement pas laisser ses décisions faire souffrir ces deux hommes qui l'avaient accueillie et s'étaient occupés d'elle. Ils n'avaient rien fait de mal. Ils n'acceptèrent pas sa décision et se querellèrent longtemps avant qu'elle finisse par lâcher en haussant les épaules : « Si vous essayez de venir avec moi, je m'enfuirai. » Elle comprit qu'ils prenaient très au sérieux ses paroles quand ils tentèrent de la faire changer d'avis une dernière fois, d'une voix lasse. Suraya n'en démordait pas. « Je ne vous laisserai pas payer le prix de mes choix. » Que pouvaient-ils faire ? Elle demanda de combien de temps elle disposait avant de partir. Marc lui assura qu'il pouvait retenir Hideo un jour ou deux afin d'établir un plan. Sa voix se fit à nouveau ferme : « Tu restes suffisamment près pour que nous puissions venir te voir aussi souvent que nous en avons envie. Du moins pendant un moment. Et ce n'est pas négociable ! » Il n'avait aucun levier de négociation, bien sûr, mais Suraya accepta. Elle resta à proximité de la Cité pendant plus d'un an avant de faire ses véritables adieux et de s'aventurer dans le monde. Suraya Hawthorne est, dans mon esprit, l'archétype même de la personne qui fait ce qu'elle juge juste, et ce quelles qu'en soient les conséquences. Elle savait qu'il fallait aider ces familles dans le besoin, elle savait qu'il n'était pas juste de faire courir des risques à Devrim et Marc, et elle savait aussi qu'elle devait rester à proximité pour les rassurer. C'est là le véritable courage que j'ai toujours admiré. --- Graines pour oiseaux Éliksni : Mélanger de la Canne à sucre éthérique avec une Touche personnelle, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Famille élargie
Légendes
Oh, Devrim. Qui peut le rencontrer et ne pas l'apprécier ? Il s'occupe des autres et aide quiconque le lui demande. Je l'ai vu de nombreuses fois après être retournée au Domaine. Il venait de temps à autre pour prendre des nouvelles de tout le monde et s'assurer que tout fonctionne. Nous avons même pris le thé ensemble quelques fois. C'est quelqu'un de si sincère et de si aimable. Le monde a besoin de gens comme lui. Nous avons souvent parlé de la guerre, et il a tenté tant de fois de me convaincre d'acquérir une arme. « Vous savez ce qui rôde là-bas », disait-il, comme si je pouvais un jour l'oublier. Nous nous sommes querellés bien des fois à ce sujet. Je lui expliquais que mes missions n'avaient rien à voir avec les combats et que c'était à dessein. Je pouvais apporter mes services ailleurs, et je tenais à ce que cela reste ainsi. Je me souviens d'une discussion au cours de laquelle Devrim insistait particulièrement. « Eva ! », avait-il fini par lâcher bien plus fort que ce à quoi il s'attendait. Je découvris une certaine urgence, presque de la colère, quand son regard se posa sur le mien. « Ce n'est pas une situation hypothétique. Vous avez déjà dû vous défendre. Et il est assez logique que vous ayez à nouveau à le faire. Les Cabals ne renoncent pas, et ce n'est pas là la seule menace qui plane sur nous. Vous savez tout ceci et vous ne cherchez tout de même pas à vous défendre… c'est irresponsable. » Oui, j'ai eu à me défendre. Et j'ai détesté chaque minute passée à le faire. « Devrim, répondis-je d'une voix douce mais limpide, le combat, les tirs, le désordre… ce ne sont pas des choses auxquelles je veux prendre part. J'en ai assez vu. Si cela doit me retomber dessus, et je suis d'accord avec vous, c'est probable, alors qu'il en soit ainsi. Je veux prendre part au processus de guérison. Je veux faire partie de ceux qui reconstruisent. N'avons-nous pas besoin de cela ? » Le pauvre Devrim s'arrêta enfin d'essayer de me convaincre. Mais il n'arrêta pas pour autant de venir me voir. Les vieilles habitudes ont la vie dure. Lorsque je suis enfin rentrée à la Tour, qu'est-ce qui m'attendait ? La célébration de l'Avènement venait à peine de commencer et les Commis des postes avaient un colis pour moi. À l'intérieur, j'y trouvais un magnifique pistolet antique et orné. Et un mot. De Devrim, évidemment. Au départ, j'en fus indignée. Après toutes nos conversations ! Je songeais même à jeter l'arme. Au lieu de cela, je lus le mot. « Eva, mon amie ! J'étais désolé d'apprendre que vous aviez quitté le Domaine, mais je me réjouis que vous soyez auprès d'amis chers. C'est pour cela, et en l'honneur de l'Avènement, que je voulais vous offrir ce cadeau. Il appartient à ma famille depuis de nombreuses générations. C'est un héritage de la famille Kay, et avant que vous ne le jetiez, vous devriez savoir qu'il ne peut pas faire feu. J'ai pensé que c'était-là un bon compromis, et j'espère que vous l'accepterez. J'espère que vous êtes heureuse à la Tour, entourée de vieux amis. – Devrim » Je relus le mot plusieurs fois, puis le pliais dans ma poche. Je posais à nouveau le regard sur ce magnifique héritage, symbole d'amitié et de famille. Je me rendis alors compte que, malgré tout, j'avais fini par redécouvrir les deux. --- Sablé du gentilhomme : Mélanger de la Canne à sucre éthérique avec un Goût parfait, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

L'Avènement des mers orageuses
Légendes
À chaque Avènement, je reçois des tas de cartes de vœux de mes clients. Celles que j'apprécie le plus renferment les histoires de ceux qui fêtent l'événement dans tout le système solaire. L'une de mes lettres favorites m'a été envoyée par une personne qui ne fut ma cliente qu'une seule et unique fois : Dame Sloane, Enfant de la pierre, qui se trouve sur Titan, l'une des lunes de Saturne. « Chère Eva, Joyeux Avènement. Tout d'abord, merci pour la livraison. Tous les éléments sont arrivés en parfait état et vous avez fait un travail splendide sur l'emballage du poulet, j'y reviendrai. Nous avons essayé de décorer les balustrades à l'extérieur de notre poste de commande avec les guirlandes, mais les Déchus ont utilisé les ampoules comme cibles de tir. Je suppose que nous en obtiendrons de nouvelles l'an prochain et que nous décorerons la salle de pause à la place. Deux lanternes de l'Avènement ont aussi été balayées par le vent. Le climat des mers de méthane n'est pas reconnu pour être l'un des plus cléments. Certains Gardiens qui m'aidaient sur Titan ont mentionné que vous aimiez connaître les traditions de l'Avènement établies en dehors de la Cité, alors voici notre manière de fêter l'événement sur cette lune que nous considérons comme notre foyer. Cette année, j'ai donné quartier libre à l'équipe un peu plus tôt, vers 16h, puis j'ai pris une heure de mon temps pour organiser une petite soirée d'Avènement dans notre poste de commandes. L'Observatoire des sirènes bénéficie d'une belle vue sur les vagues et certaines des plateformes flottantes, alors nous avons mis bout à bout les tables de la salle de pause et nous avons regardé l'horizon en partageant un festin tous ensemble. La fenêtre de verre s'étant brisée il y a fort longtemps et sa réparation n'ayant jamais été une priorité, la pièce est exposée aux éléments. Del et Ari ont dû se couvrir et nous avons lesté la nappe à l'aide de pièces de métal. J'ai connu des installations moins sympathiques. Eva, c'est le meilleur repas que j'ai mangé depuis des siècles. Le poulet ? Absolument délicieux. Nous en avons tous eu une part. Nous avons découpé nos rations de protéines en formes amusantes, et une fois les bonbons au caramel suffisamment chauds pour être mâchés, c'était un véritable paradis. Nous avons également échangé des cadeaux pour l'Avènement. Quelqu'un m'a même cousu une citation au point de croix afin que je l'affiche dans mes quartiers : « Où est ma balise ? », c'est une blague entre nous. Des outils décents, des munitions lourdes, des chaussettes épaisses ; voilà le genre de cadeaux que nous nous échangeons ici. Cela n'a sans doute rien d'impressionnant pour ceux qui sont habitués à l'Avènement à la Tour, mais pour nous, ces cadeaux ont de la valeur. Lorsque nous nous sommes tenus par la main après, pour nous réchauffer ou en signe d'amitié, nous avons conversé d'une manière tout à fait inédite. Je ne crois pas avoir volontairement partagé des histoires me concernant de toute ma vie avant ce jour-là ! Nous avons expliqué qui nous étions avant la Guerre rouge, d'où nous venions et ce que nous aspirions à accomplir à l'avenir. La vie n'est pas simple ici, sur cette lune balayée par les vents. Il suffit d'une secousse pour être projeté d'une plateforme vers l'éternité. Entre les Déchus, la Ruche et les éléments, nous nous battons uniquement pour survivre. Mais alors que nous étions assis à discuter, nous nous sommes sentis vivants. Je crois que je vous écris tout ceci pour vous remercier, Eva. Pour nous avoir permis de comprendre que, quelle que soit la situation, nous devions prendre le temps d'apprécier la vie et de nous réjouir. C'est une source d'inspiration pour moi. Bien à vous, Sloane » Je n'ai jamais quitté la Terre, et Titan semble un endroit particulièrement… intéressant. Mais en lisant la façon dont cet événement avait rapproché ces gens dans un lieu si reculé, j'ai compris que mes efforts n'avaient pas été vains. J'espère revoir Sloane un jour. --- Dragées d'alcane : Mélanger de la Poudre chitineuse avec un Siphon à balles, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Célébration de la présence de l'autre
Légendes
J'avais déjà entendu parler des vaisseaux colonisateurs Exode, mais je ne me souvenais pas de grand-chose les concernant. C'était pour moi un nom parmi tant d'autres dans les livres d'histoire. Pour tout vous dire, j'avais complètement oublié leur existence avant que des Gardiens ne m'apprennent qu'ils avaient trouvé une épave sur Nessos et ne m'expliquent ce qui était arrivé à leur Failsafe. J'ai compris que ce n'était à l'origine qu'une seule IA, l'outil de navigation du vaisseau, mais qu'avec le temps elle s'était séparée en deux. J'ai cru comprendre que l'une était toujours heureuse, et l'autre toujours triste. Ce n'est pas une façon de vivre, ni pour l'une ni pour l'autre. Ces choses doivent exister en équilibre. Je sais que ce sont des ordinateurs, mais je m'inquiète pour elles. Un Gardien m'a récemment parlé de la fois où il avait expliqué le concept de la célébration de l'Avènement à Failsafe. Il venait de terminer certains contrats pour elle et il a mentionné qu'il était heureux de rentrer sur Terre pour prendre part aux festivités. Elles s'arrêtèrent pour lui demander d'expliquer ce que cela signifiait. Elles n'avaient jamais entendu parler de l'Avènement ! Il leur exposa plus ou moins la situation en disant : « C'est une célébration hivernale qui mêle plusieurs traditions terriennes antiques. » Quant à leurs réponses, je vais tenter de me souvenir de ses mots exacts, car il se réjouissait de l'imitation qu'il en faisait. « D'après mes données, "l'hiver" sur Terre se produit lorsque l'un des hémisphères est orienté à l'opposé du soleil ! Pourquoi fêtez-vous le fait d'avoir froid ? » lâcha celle qui était toujours heureuse. Ce à quoi celle toujours triste répondit « Je ne sens pas le froid, mais cela a l'air horrible. » Le Gardien répondit alors quelque chose du genre : « Nous célébrons plutôt le fait d'être ensemble », ce qui m'a particulièrement réjouie, car c'est aussi comme cela que je vois les choses. Nous sommes tous ensemble, nous mangeons des bonbons et partageons des moments de joie. Failsafe posa de nouvelles questions, puis celle qui était heureuse demanda : « Si nous célébrons le fait d'être ensemble, comment puis-je participer à l'Avènement ? Je suis toute seule. C'est très déprimant ! » La triste répliqua : « Je ne vais pas célébrer les Déchus. » Mon ami Gardien pensa immédiatement à la chose à dire : « Vous pouvez souhaiter un Joyeux Avènement à tous les Gardiens qui viennent sur Nessos ! Vous pouvez célébrer avec nous ! Cela nous ferait très plaisir. » Ces mots semblèrent les rasséréner un peu toutes les deux, alors je suis heureuse qu'il les leur ait dits. Apparemment, elles se sont entraînées à dire « Joyeux Avènement » pendant une bonne heure, alors je suppose qu'elles doivent être au point maintenant. Allez les voir si vous en avez l'occasion. Se retrouver loin de la Cité ne devrait pas empêcher qui que ce soit de passer un plaisant Avènement. --- Gâteau de la Forêt infinie : Mélanger du Lait vex avec une Chaleur extrême, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Question de précaution
Légendes
« Eva Levante ! » Ikora me prit par le poignet et se pencha vers moi afin de me murmurer quelques mots à l'oreille. « Je dois vous parler d'Eris Morn. » Eh bien, je n'oublierai jamais ce jour. À cette époque-là, je faisais tout mon possible pour que l'Avant-garde et les autres marchands de la Tour s'intéressent à l'Avènement. En contrepartie, bon nombre d'entre eux venaient me trouver dès qu'ils avaient une question concernant la célébration. J'ai tout de même été surprise que l'Arcaniste de l'Avant-garde vienne me trouver. Pour me parler d'Eris Morn qui plus est ! J'ai peut-être haussé les épaules sans m'en rendre compte. « J'ai vu que vous discutiez ensemble alors que vous mettiez en place les décorations… » Tout ce dont je me souviens, c'est qu'Eris me parlait d'abysses pendant que j'essayais de suspendre des lanternes, mais je ne tenais pas à me confier à Ikora. Elle reprit : « Je m'inquiète pour elle. Elle semble assez déprimée. » J'ai levé les yeux vers Ikora, puis j'ai regardé ailleurs. À mon grand étonnement, je n'ai pas renâclé. « Elle est encore plus morose que d'habitude, et les techniciens du Hall des Gardiens se plaignent. Eva, pourriez-vous aller lui parler ? Elle pourrait peut-être vous aider. Vous trouveriez sans doute comment employer une paire de mains supplémentaire. » C'était une très mauvaise idée, mais je ne pouvais pas dire non. À la place, j'ai suggéré : « Elle a un ami, enfin peut-être pas exactement un ami, mais quelqu'un avec qui elle partage… » Je me suis arrêtée là, me souvenant soudainement de qui nous étions en train de parler. Mais Ikora se redressa, intéressée. « Il y a ce scribe de Gensym, Asher Mir, avec qui elle parle de son plein gré. C'est aussi, eh bien… c'est un excellent érudit. Je le contacterai, à moins que vous ne le connaissiez, bien sûr… » « Pas du tout !, répondis-je gaiement, mais j'espère que tout se passera bien. Je tiens à ce que tout le monde passe un joyeux Avènement. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai des livraisons à effectuer. » Je ne connaissais pas encore suffisamment Ikora pour lui prendre le bras, alors j'ai opiné du chef et je me suis enfuie. Mais lorsque nous nous revîmes plus tard dans la journée, quel étrange regard elle posa sur moi ! « J'ai parlé à Asher, comme vous l'avez suggéré », murmura-t-elle. « Et alors ? » « Il a tout d'abord grommelé. Il ne semblait pas être au courant que l'Avènement allait être célébré. Mais je lui ai expliqué que c'était le cas et qu'il serait… fort appréciable qu'il lui écrive une carte de vœux ou qu'il aille lui rendre visite. Il a répondu qu'il écrirait une carte. Il a aussi affirmé avoir un cadeau de l'Avènement pour elle. » « Eh bien, c'est gentil de sa part ! » « Je n'en suis pas si sûre », répondit-elle en me montrant un morceau de parchemin. Lorsque je l'ai trouvé, il était plié en quatre en forme de carte de vœux. Il n'y avait rien d'écrit sur le dessus, mais l'intérieur comportait les mots suivants : « Eris, l'Arcaniste de l'Avant-garde est venue me trouver afin de vous "remonter le moral" en ces périodes de fêtes. Je vais donc profiter de cette occasion fortuite pour vous envoyer les notes de recherche concernant les pratiques hérétiques de la Ruche que vous m'avez demandées, et ce bien que la raison de votre demande soit tout à fait fallacieuse. Mes vœux les plus sincères pour cet Avènement ! – Asher Mir » « Lui avez-vous dicté les derniers mots, Ikora ? » Elle garda le silence un instant. « Oui. » Je me mis à rire. « Eh bien, vous feriez mieux de tout lui apporter. Je ne dirais pas que les recherches sur la Ruche sont un cadeau de l'Avènement traditionnel, mais puisqu'elle les a demandées. » Lasse, Ikora remua la tête et nous nous séparâmes. Plus tard encore, alors que je m'apprêtais à faire mes dernières livraisons, Ikora m'approcha à nouveau. Elle me confia : « Je suis allée voir Eris. Je ne sais pas si cela l'a rendue plus joyeuse, mais elle a dit "Ah, oui, voilà un bon moment que j'attends ces notes. Bien." Elle a même rédigé une réponse pour Asher. » Ikora me confia le parchemin utilisé plus tôt par son collègue scribe, mais il avait été replié. Je pus y lire : « Asher, prêtez attention à ne pas succomber aux murmures. C'est là le destin des sots. Mes vœux les plus sincères pour cet Avènement ! – Eris Morn » Je haussais les épaules. L'Arcaniste s'éclaircit la gorge. « Eris avait également un cadeau de l'Avènement à faire passer à Asher. » « Au moins, elle fait un effort. » « Eh bien… » Ikora me poussa sur le côté et sortit un petit paquet irrégulier emballé dans un tissu. Elle ôta alors délicatement les couches successives de mouchoirs. Il était là. Le cadeau de l'Avènement émettait une luminescence verte malsaine. « Je ne peux tout de même pas lui donner ça !, susura Ikora Rey. Je peux peut-être… » Elle regarda tout autour à la recherche d'inopportuns indiscrets. « Je peux peut-être m'en débarrasser, non ? » « Cela va bien au-delà des convenances de l'Avènement », répliquais-je en murmurant. Elle hocha la tête d'un air décidé. « Oublions toute cette histoire. » --- Pudding Radiolaire : Mélanger du Lait vex et une Saveur électrique, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Dites-le avec un cadeau de l'Avènement
Légendes
Il n'y a pas que mes clients qui me font tourner en bourrique. Les gens viennent parfois me trouver pour obtenir des conseils. Parfois c'est « Plutôt ce revêtement ou celui-là ? » ou « Est-ce que ce fanion me va bien ? ». D'autres fois c'est « Est-ce que je devrais organiser une fête de l'Avènement ? » ou « Pourquoi devrais-je aller à leur fête de l'Avènement ? ». Mais il arrive que les questions soient encore plus compliquées. Je profitais d'un moment de tranquillité volé un après-midi pour organiser les rouleaux de papier cadeau, quand j'entendis une voix forte qui m'appelait. Je sursautais… C'était… un Titan très connu. Ce n'était pas Zavala, mais je ne dirai pas de qui il s'agissait. Eva Levante ne cafte pas sur les sujets sensibles. Il portait une arme extraordinaire, une courbe complexe faite de multiples pièces de métal maintenues ensemble par une corde épaisse. « C'est un arc à poulies, m'expliqua-t-il après avoir suivi mon regard, il sert à tirer des flèches. » Je levais les sourcils, perplexe. Il avait placé sur cette arme une énorme quantité de ruban en velours rouge. Un gros nœud sur un gros arc. Je compris à l'inclinaison de son casque et à sa prise tendue sur l'arme que quelque chose clochait. Je soupirais. J'assistais à ce genre de scène à tous les Avènements. Je supposais qu'il était épris de quelqu'un et que cette conversation n'allait pas battre un record de brièveté. « Mes plus sincères félicitations de l'Avènement à vous, Torito ! » Ce n'était bien évidemment pas son nom, je l'invente. « Eva Levante. On raconte qu'il faut offrir un cadeau de l'Avènement lorsque l'on… a une amie à qui l'on tient. », tonna-t-il en essayant de murmurer. « Qui est ce "on" ? », dis-je en riant. Il ne releva pas ma remarque. « J'ai acheté cet arc pour mon amie. Est-ce un bon cadeau ? » « Cela dépend de votre amie. Qu'est-ce qu'elle aime ? Comment est-elle ? Pouvez-vous me la décrire ? » « Eh bien… elle… aime se battre. Elle en impose. Elle est très…, le Titan s'arrêta. Un arc recourbé est-il plus romantique qu'un arc à poulies ? », réussit-il à chuchoter cette fois. « Ah », répondis-je en hochant la tête. J'étais incapable de faire la différence entre ces deux armes, mais je comprenais son problème. « Un livre ferait peut-être mieux l'affaire ? », demanda-t-il. « Encore une fois, cela dépend du livre que vous choisissez. » « J'ai lu l'édition révisée de la Théorie des cercles d'Ikora, et il était très bien. » « C'est un affreux cadeau de l'Avènement. Puis-je suggérer de la littérature ? » Torito frappa la corne de son casque pour réfléchir. « J'ai détruit un de ses livres un jour. Devrais-je le remplacer ? » « Vous ne devriez peut-être pas lui rappeler de mauvais souvenirs… » Il ne répondit pas, alors je continuais : « Cet arc est peut-être déjà le cadeau de l'Avènement idéal pour votre amie. Pensez-vous qu'elle l'utilisera ? » « Sans aucun doute. » « Dans ce cas, dis-je en souriant, vous avez votre réponse. Joyeux Avènement à vous et à votre amie ! » « À vous aussi, Eva. J'espère que votre Avènement sera inoubliable. » Le Titan me remercia, souleva l'arc et s'en alla d'un pas sûr. --- Lames vanillées : Mélanger de l'Huile cabale avec une Saveur tranchante, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Les coïncidences n'existent pas
Légendes
J'ai le chic pour toujours tomber sur un client qui pose des tas de questions au moment où je suis le plus occupée, en milieu d'après-midi. Aujourd'hui, c'était une femme. Une Gardienne magnifique et robuste aux sombres cheveux courts, et avec une bande blanche en diagonale en travers de chaque œil. Très particulière ! Elle avait une sacoche sur une épaule et une pile de livres et de colis sous un bras. J'en ai déduit que c'était une cliente qui paierait. Elle arborait un léger sourire au coin des lèvres et gardait une main posée sur la hanche. Elle pianotait d'impatience sur le comptoir. J'en ai déduit que c'était une Chasseuse. « Joyeux Avènement à vous, mademoiselle… ? », la saluai-je. Elle ne tourna pas autour du pot. « Pouvez-vous m'aider à organiser une petite célébration intime de l'Avènement ? Avez-vous un kit ou quelque chose ? » demanda-t-elle en regardant par-dessus son épaule, visiblement impatiente. « C'est une surprise pour… quelqu'un accoutumé à l'Avènement dans la Cité, mais nous sommes à présent sur Mars, donc… » « Ah ! Eh bien les choses essentielles pour l'Avènement sont les décorations, la nourriture à partager et les cadeaux. Tout d'abord, nous avons un grand choix de lanternes », dis-je en pointant les sphères alignées dans le magasin. « Et de bougies ! », complétais-je en sortant une boîte de bougies à thé de sous le comptoir et en les plaçant devant elle. « Et puis bien sûr les serpentins. » « Les bougies et les serpentins constituent un risque d'incendie. Je prendrai les bougies et les lanternes. » « Les lanternes argentées et jaunes vont bien ensemble… » Elle plissa les yeux pour observer les échantillons. « Une violette. » « Je vais vous donner du violet, du vert et de l'argenté. Ça se marie bien. L'Avènement est une histoire d'émerveillement et de beauté, vous ne pouvez pas vous contenter d'une seule lanterne. » J'empilais les lanternes repliées sur les bougies. Elle ouvrit la bouche avant de la fermer à nouveau. Je sortais mon plus gros assortiment de bonbons de l'Avènement et le plaçait sur le comptoir. « Le partage et la générosité sont également au cœur de l'Avènement. Voilà l'assortiment qu'il vous faut… si vous souhaitez impressionner quelqu'un que vous aimez », dis-je en prenant bien soin de marquer la pause au milieu. Elle fit la moue et poussa le paquet de bonbons enrubanné près des bougies et des lanternes. Tout sourire, je sortis un portant avec mes plus beaux vêtements. « Et enfin, le cadeau de l'Avènement, le plus important. » « Oh, j'ai déjà un très beau cadeau de l'Avènement. » Elle posa ses affaires sur le comptoir pour m'indiquer une boîte à collier placée sur le dessus. J'en profitais pour lire les tranches des épais livres dont certains portaient des titres interminables, tous étiquetés « Bibliothèque de Fu'an – EXEMPLAIRE DE RÉFÉRENCE – NE PAS EMPORTER. » La Chasseuse remarqua ma moue et fourra les livres dans sa sacoche. « Voilà ce que j'ai choisi. Vous pensez qu'elle l'aimera ? » Je ne savais pas qui était cette « elle », mais j'admirais le collier qui m'était présenté. C'était un pendentif allongé portant l'emblème d'un petit oiseau, un vrai travail d'orfèvre. Elle sourit : « Le motif vient de l'Âge d'or, mais le pendentif peut également stocker trente-cinq pétaoctets de données ! » Je lui souris en retour. Je la convainquis également d'acheter un sac à livres solide et un papier d'emballage violet. « Voilà ! Votre Avènement personnel dans un sac ! », déclamais-je en rangeant ses Lumen et en lui tendant ses achats. « J'espère que votre compagne appréciera la surprise. » La Chasseuse opina du chef en guise de remerciements et se retourna pour s'en aller. « Anastasia ! » Je découvris alors le Commandant Zavala, planté les bras écartés au milieu du couloir alors que la foule des acheteurs de l'après-midi se pressait autour de lui. « Zavala », murmura la Chasseuse. Elle redressa sa posture et leva fièrement le menton, prenant l'air aussi sauvage qu'un faucon. « Joyeux Avènement, Ana. Je suis surpris de vous voir à la Tour. » « Oui, eh bien, j'avais des courses à faire… » Je n'ai pu entendre la suite de leur conversation, car quelqu'un entra avec un colis, me demandant « Hé, est-ce que cette femme retourne sur Mars ? Ce paquet y va aussi. » Je jetais un œil au contenu : bougies, lanternes, assortiment de bonbons, papier d'emballage, cape… Commandé par une certaine Camrin Dumuzi. J'eus un drôle de pressentiment. La coïncidence était trop grande… « Je crois que c'est pour une surprise. Le colis peut attendre les livraisons de demain », répondis-je. Lorsque je me tournais à nouveau vers Zavala et la Chasseuse, ils étaient en pleine conversation. Le Titan de l'Avant-garde et la femme arboraient tous deux un demi-sourire. J'en déduisis que l'esprit de l'Avènement réunissait ici de vieux amis. Je me tournais alors vers mon client suivant. --- Gâteaux de lune javelot : Mélanger de la Poudre chitineuse avec une Saveur tranchante, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Un visage amical
Légendes
Avez-vous déjà rencontré quelqu'un qui vous a immédiatement agacé ? La personne peut paraître amicale de premier abord, mais d'une façon spéciale. Connaître la différence peut s'avérer difficile lorsque l'on est jeune, mais avec le temps, la distinction entre toutes les formes d'amitié devient plus évidente. La plus rare est la bonté véritable, mais il y a aussi les amis peu fiables, ceux qui vous contactent uniquement quand ils ont besoin de vous, et ceux qui en font beaucoup trop pour être honnêtes. Cette dernière catégorie cache toujours quelque chose qu'elle tente de faire oublier à grands coups de démonstrations amicales. Ce dernier groupe est également celui dans lequel se trouve l'homme qui se fait appeler le Vagabond. Je n'aime pas dire du mal des autres, mais lui ? Je ne lui fais pas confiance. Je ne sais pas vraiment ce qu'il fait au-delà de ce portail, et je ne tiens absolument pas à le savoir. Je ne lui ai pas parlé plus de deux ou trois fois, car il semble toujours pressé. La seule conversation qui a dépassé le stade des banalités a été très courte, et il s'est esquivé avant de me fournir une quelconque réponse. C'était quelques jours avant le début de la célébration de l'Avènement. Je préparais les décorations quand il s'est approché de moi et m'a demandé : « Eh bien, pourquoi tout ceci ? » « Vous avez sans doute entendu parler de l'Avènement, non ? », répondis-je sans la moindre animosité. J'adoptais cet air de l'amitié consciente de la duplicité de l'interlocuteur. « Oh oui, bien sûr, répondit-il. J'avais oublié que c'était à cette période de l'année. Le temps file à une vitesse. N'est-ce pas, ma sœur ? C'est effrayant. » Il a observé les décorations pendant un long moment, les mains sur les hanches, hochant la tête en signe d'acquiescement. « En effet, répliquais-je. D'ailleurs, je voulais vous demander… » « Vous savez, m'interrompit-il, je ne sais pas si j'ai déjà été à un endroit qui fêtait l'Avènement. Pourriez-vous m'en parler un peu ? » Je n'ai peut-être pas plusieurs siècles au compteur, mon ami, mais je ne suis pas naïve. La vieille Eva sait reconnaître un mensonge quand elle en entend un. J'ai tout de même passé un certain temps à lui parler de notre célébration, à expliquer nos traditions et leur signification. Il a accompagné mes paroles de hochements de tête. Il était apparemment très attentif. Je tentais de ramener la discussion sur lui. « Alors, Vagabond, d'où venez…. » « Eh bien, je ferais mieux de m'en aller ! », coupa-t-il, faisant très nettement semblant de ne pas m'avoir entendue alors qu'il s'en allait. « Je vous ai fait perdre assez de temps comme ça, et qui sait de combien nous en disposons encore. » Alors qu'il s'éloignait, il lâcha avant de disparaître : « J'aime le décor ! Un magnifique choix de couleurs ! » J'ai entendu d'autres personnes s'exprimer au sujet de cet étrange personnage. Elles ont généralement la même opinion : il est très amical, mais un peu mystérieux. D'un autre côté, j'ai également entendu des choses que je ne m'abaisserai pas à répéter. Elles sont bien trop horribles pour être vraies et je ne participerai pas à la propagation de fausses rumeurs. Je suis sûre que ses habitudes alimentaires ne dépareillent pas des nôtres. Néanmoins, quelque chose cloche chez lui. Mieux vaudrait le surveiller de près. --- Particules au chocolat noir : Mélanger du Beurre corrompu avec un Goût du Néant, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Un conte deux fois conté
Légendes
Ce que j'apprécie le plus depuis mon retour à la Tour, c'est de reprendre contact avec tout le monde. Mes amis m'ont terriblement manqué, et je pensais à eux tous les jours avant. Il peut être difficile de ne pas regretter le passé, même lorsque vous faites ce qui vous semble juste. J'ai terriblement envie de rattraper le temps perdu, mais ces Gardiens n'ont jamais une minute à m'accorder. Ils repartent aussi vite qu'ils sont arrivés. Il est pratiquement impossible de leur tirer plus de deux phrases. J'ai l'impression que tant de choses se sont passées, et je ne réussis à en savoir que des bribes. « L'Araignée » est le nom que j'entends à tout bout de champ. Mais qui est-ce ? Un criminel ordinaire ? Une divinité ? Un ami ? Certains récits font état des trois aspects à la fois. Qu'est-ce qui attire tant les Gardiens chez cette Araignée ? Ai-je bien compris qu'il se nourrit de Spectres ? De Spectres ! Quelle pratique tout à fait répugnante ! Même le plus insupportable des Spectres ne mérite pas une fin pareille. (Oui, je pense à un Spectre en particulier… mais j'ai bien peur que la vieille Eva emporte son secret avec elle.) D'après ce que j'ai cru comprendre, cette Araignée avait un groupe de Barons. Enfin, je crois. Si c'est bien le cas, sa relation avec eux semblait plutôt… distendue. Je ne sais pas exactement comment les gens s'occupent sur la Côte enchevêtrée, mais je crois qu'il les a tous fait tuer. Pourtant avant cela, les Barons de l'Araignée se sont introduits dans une prison de l'espace ultra sécurisée. Ils cherchaient… quelque chose qui appartenait à l'Araignée. Je ne sais pas ce que c'était. Peut-être des Spectres ou alors des armes… même si je ne vois pas vraiment pourquoi quelqu'un irait chercher ce genre de choses dans une prison. Pendant que ses Barons étaient là-bas, les prisonniers ont commencé à les affronter. Ce bandit de Cayde-6 était aussi dans la prison, pour une mission qui n'était pas liée à celle de l'Araignée. Enfin, je crois. Mais d'après ce que j'ai compris, ils ont fini par atterrir dans le même combat. Et ensuite, pendant que tout le monde se battait, le frère de la Reine du Récif est arrivé ! Lorsque j'ai entendu l'histoire pour la première fois, j'ai pensé à ce moment-là : « Ah, bien ! Enfin quelqu'un qui est avec nous. Le Prince éveillé aidera à remettre de l'ordre dans tout ça. » Il faut savoir que j'avais toujours entendu dire qu'il était un peu… rigide. Mais également qu'il était prêt à mettre la main à la pâte si nécessaire. Cependant, c'était avant l'histoire de sa sœur… La perte peut vous faire faire des choses terribles. Cela nous mène à la seule chose dont je sois absolument sûre : Uldren Sov a tué Cayde-6. Je ne sais pas pourquoi, mais je suppose que c'est en partie dû à la douleur qui envahissait le Prince. Il a dû perdre la capacité à discerner la réalité. Enfin, une fois que les Barons de l'Araignée ont quitté la prison, ils se sont jetés sur le Récif. Je suppose qu'ils avaient trouvé ce que l'Araignée cherchait, mais qu'ils ont décidé de le garder pour eux. L'Araignée a envoyé des gens après eux, et je crois qu'aucun d'eux n'a survécu. Pendant ce temps, quelqu'un a tué Uldren. Je suppose que c'était pour venger la mort de Cayde, mais je n'ai pas réussi à savoir précisément qui l'avait fait. Après tout ce que j'ai entendu dire sur l'Araignée, je me demande si Uldren n'était pas une autre de ses œuvres. Bon nombre de mes amis Gardiens rendent encore service à cette… créature qui, dans le meilleur des cas, a trahi les siens. Je ne suis pas sûre que tout cela mène à quelque chose de bon. Mais je ne connais peut-être pas toute la vérité. Je ne vous fais pas là un cours d'histoire. Tout ceci est à prendre avec des pincettes. À croire que certaines personnes n'ont pas le temps de parler à la vieille Eva. --- Spectre défunt en sucre : Mélanger de la Canne à sucre éthérique sombre avec un Éclair de génie, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Ce qui nous rassemble
Légendes
Que sont les Éveillés ? Je ne cherche pas à savoir comment ils ont pu exister. Ça je m'en moque autant que de connaître la genèse des Cabals et des Déchus. En ce qui me concerne, l'univers les a voulus alors il les a créés. Qui suis-je pour questionner l'univers ? J'ai entendu des gens parler de Pétra Venj et de la Côte enchevêtrée récemment. C'est très perturbant. Des rochers tenus par des cordes ? Et il faut… sauter de l'un à l'autre ? Pas étonnant que les Éveillés du Récif soient si méfiants à l'égard des autres s'ils ont grandi dans un endroit où même le sol n'est pas fiable ! Mais les Éveillés en tant qu'ensemble… J'ai l'impression de mieux les appréhender, mais il reste des choses que je ne comprends absolument pas. Ils font bien évidemment partie de ce que nous considérons comme « l'humanité », tout comme les humains et les Exos. C'est ce que je pense, et j'y crois. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Est-ce parce qu'ils sont… faits… comme nous ? Les Cabals sont à peu près faits comme nous, et pourtant nous ne les incluons pas dans l'humanité. Est-ce à cause de la relation avec le Voyageur que nous partageons ? Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j'ai entendu dire que les Déchus possédaient une certaine relation avec le Voyageur. Mais ils ne font pas pour autant partie de l'humanité. « L'humanité » ne concernerait-elle que ceux qui choisissent de vivre parmi les humains ? Mais en suivant cette logique, les Éveillés natifs du Récif qui y restent ne devraient pas faire partie de l'humanité. Je ne crois pas que cela soit vrai, et pourtant… Pétra a passé la plupart de sa vie au Récif, n'est-ce pas ? Je sais qu'elle jouait les émissaires pendant un temps, mais elle a toujours considéré le Récif comme son véritable foyer. Considère-t-elle qu'elle fait partie de l'humanité ? Je crois que si l'on se présentait devant Pétra pour lui demander « Êtes-vous membre de l'humanité ? », elle répondrait sans doute « Je suis une Éveillée du Récif ». Et si on poussait un peu plus avant l'interrogatoire en lui demandant de quel côté elle se placerait, elle répondrait sans doute « Du côté de la Reine Mara Sov. » L'humanité serait-elle une chose que l'on choisit ? Ou est-elle attribuée par d'autres ? Est-ce un titre à obtenir ou un droit de naissance, un héritage ? Les Éveillés font-ils partie de l'humanité à cause d'une de ces stipulations, ou… Serait-il possible que les Éveillés fassent partie de l'humanité à cause de toutes ces stipulations ? Prises individuellement, ces idées ne définissent pas plus l'humanité qu'une cape fait un Chasseur. Mais prises ensemble… ils sont faits comme nous, ils partagent notre relation avec le Voyageur, et bon nombre d'entre eux évoluent avec joie parmi nous sur Terre… peut-être que c'est ça qui leur permet d'appartenir à l'humanité. Tout ceci pris dans son ensemble, comme nous sommes tous ensemble dans le même bateau. C'est cela qui nous a aidés pendant la Guerre rouge, et je crois vraiment que cela nous aidera à repousser les Ténèbres pour de bon. Il ne faut jamais oublier que notre unité nous renforce, et que les Éveillés feront toujours partie de cela. --- Gâteaux d'infortune : Mélanger de la Canne à sucre éthérique sombre avec une Chaleur extrême, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

On finit par s'habituer à lui
Légendes
Il y a un personnage étrange qui... eh bien, peut-être l'avez-vous vu. Ses allées et venues n'ont rien à voir avec ce que vous et moi pouvons imaginer. Il faut plutôt vous attendre à ce qu'il soit là ou non lorsque vous vous retournez. Ses apparitions sont cependant régulières et prévisibles, c'est déjà ça. Il se nomme Xûr. Je ne sais pas bien d'où lui vient la petite flèche sur son nom, mais il est important de respecter les souhaits de ceux que nous ne comprenons pas. La première fois que je l'ai vu, j'étais seule à mon étal à la Tour. Enfin, l'ancienne Tour, comme vous l'appelez maintenant. J'étais arrivée peu de temps avant. J'ai levé les yeux, et cet homme était apparu, comme sorti de nulle part ! Il me tournait le dos, mais même ainsi, je sentais que quelque chose était étrange chez lui. Une question de posture. Alors qu'il se retournait, je remarquais que son visage était entièrement recouvert de cheveux qui semblaient même se mouvoir, comme pris dans une légère brise alors qu'il n'y avait aucun courant d'air. Lorsque la lumière éclaira son visage, je poussai un hurlement et m'accroupis derrière mes placards. J'étais certaine que cette abomination était venue nous envahir, qu'il y en avait d'autres alentour et que nous allions périr. Je finis par me rendre compte que j'étais la seule à hurler. Je n'entendais aucun cri de détresse. Je jetais alors un coup d'œil autour de moi et constatais que tout le monde agissait comme si de rien n'était. J'étais la seule à paniquer ! De nombreuses personnes le voyaient, certaines interagissaient même avec lui. Lentement, je me suis redressée et j'ai tenté de reprendre le cours de mes affaires. Mais je ne le quittais que rarement des yeux. Tess vint me voir peu de temps après, et je lui parlais de cet étrange personnage. « Oh, c'est Xûr, me répondit-elle d'un ton détaché. Il vient ici assez régulièrement et vend des trucs difficiles à trouver. » Elle le regarda un moment avant d'ajouter : « Il aurait bien besoin de renouveler sa garde-robe d'après moi, mais hormis cela, il est inoffensif. » « Qu'est-ce qu'il est ? », demandais-je. « Je n'ai encore jamais vu une créature pareille. » « Xûr est… je crois qu'on les appelle les Joviens. Ils viennent d'au-delà du Récif. J'ai bien peur de ne rien savoir de plus à leur sujet. » « Mais ils sont… amicaux ? » « Eh bien, ils ne nous attaquent pas, si c'est là ta véritable question. Je ne dirais pas nécessairement que Xûr est amical, mais il n'est pas hostile. » Notre conversation m'avait rassurée, même si je n'arrivais pas totalement à me débarrasser de ma peur. Pendant des mois, je sursautais en l'apercevant, et je devais combattre le réflexe qui me poussait à me cacher. Je finis cependant par m'habituer à sa présence. J'appris même à apprécier sa prédictibilité. Sa présence devint synonyme du bon fonctionnement de l'ordre des choses. La peur disparut avec le temps. J'ai souvent découvert que ma première réaction face à la nouveauté était la peur. C'est peut-être le cas pour tout le monde. Cependant, j'ai aussi découvert que si j'acceptais et admettais cette peur, elle était plus facile à affronter et à faire disparaître. Les nouveautés ne se sont pratiquement jamais révélées aussi effrayantes qu'à première vue. --- Biscuits étranges : Mélanger du Beurre corrompu avec une Saveur électrique, ajouter une dose d'Arôme de l'Avènement, puis mettre au four.

Rumeurs
Légendes
Je ne sais pas grand-chose des prophéties d'Osiris, l'Arcaniste controversé. Je sais seulement que ses théories ont divisé la Tour, civils comme Gardiens, et j'ai vu cette division reparaître dans des endroits étranges, des années après le départ d'Osiris pour ses recherches radicales. Voici une blague pour vous faire sourire : Un adepte d'Osiris et un sceptique s'assoient autour d'une table pour tenter de résoudre leurs différends. Ils y meurent. Ne me demandez pas où je l'ai entendue. Mais ne vous y trompez pas, les habitants de la Cité savent parfois se moquer des Gardiens. Si vous ne l'aviez pas remarqué, c'est que vous faites preuve d'une piètre attention. Bref… J'ai entendu des rumeurs concernant Frère Vance, l'un des adeptes d'Osiris. Elles ressemblaient à des mythes : il utiliserait les connaissances découvertes par Osiris pour réaliser des miracles ou débloquer le plein potentiel des Gardiens. Ensuite, pour une raison qui m'échappe, les rumeurs ont changé : Vance était un fanatique inconnu d'Osiris qui attendait indéfiniment sur les sables de Mercure l'apparition d'une chose qui n'arriverait jamais. Les Gardiens agissent sans cesse. Je crois qu'ils ne pouvaient comprendre une telle passivité. En ce qui me concerne, je pense que nous ne devrions croire que ce que nous voyons. Les actions d'une personne renseignent plus sur sa personnalité que toutes les fables sur ses actions passées. Il me semble qu'attendre à tout jamais le retour de son héros, se plonger sans cesse dans les mêmes livres, ou espérer pour un avenir que l'on ne peut pas contrôler… eh bien… J'y vois une perte de temps. Mais je suis une personne active qui a les mains et l'esprit occupés. Je pense également que l'on doit se sentir seul et démoralisé si on est abandonné par son idole, et ce même si cet abandon n'existe que dans notre tête. J'imagine qu'un homme tel que Vance s'astreint à une veillée solitaire. Je crois qu'il sait ce que les gens pensent de lui, et qu'il essaie de passer outre. C'est sans doute cela qui le pousse à s'isoler encore davantage. Mais je ne l'ai jamais rencontré. Je ne sais pas quelles rumeurs sont vraies et lesquelles sont d'immondes ragots. Je sais seulement que l'Avènement accueille tout le monde, surtout ceux qui se sentent les plus isolés.

Guerre juste
Légendes
Lorsque les Gardiens trouvèrent le chemin de la Cité des rêves, bon nombre d'entre eux me la décrivirent. Leurs histoires parlent d'un endroit magnifique abritant falaises immenses et anciens bâtiments sacrés. Cela me fit penser à un conte de fées. Et comme pour de nombreuses histoires des Gardiens, je m'émerveillai qu'un tel lieu puisse vraiment exister. Je me souviens tout particulièrement d'une Arcaniste éveillée nommée Nadya, qui était venue me voir comme bien des Gardiens : silencieuse, penaude et désireuse de boire du thé. Je les accueille toujours pour une tasse de thé, bien sûr. Ce jour-là, Nadya s'assit à ma table sans toucher à son thé. Si je n'avais pas passé autant de temps à réconforter des gens dans ma cuisine, je l'aurais incitée à parler, mais je connaissais cet état. J'attendis. Elle finit par me regarder. « J'ai l'impression d'avoir trouvé une partie de moi, et de l'avoir perdue en même temps, m'expliqua-t-elle avec douceur et tristesse. Je sais que les Gardiens ne sont pas censés chercher leur héritage au-delà du Voyageur, mais la Cité des rêves était… » Sa voix se tut. « Comme un foyer ? » tentais-je. Nadya baissa les yeux. « Oui. Comme un foyer. » Elle resta silencieuse, puis me regarda à nouveau. « Est-ce mal ? » « Non, répliquais-je, bien sûr que non. Un foyer n'est pas toujours un endroit unique, vous savez. J'ai eu bien des foyers. » Nadya hocha la tête et poussa sa tasse de thé sur la table, l'air ailleurs. Cette fois-ci, je dus attendre longtemps avant qu'elle ne reprenne la parole. Elle finit par ajouter : « J'ai l'impression de pleurer la perte d'une chose que je n'ai jamais eue. » Je ne comprends pas bien la malédiction qui frappe la terre natale des Éveillés. Je sais seulement qu'elle s'est produite à cause d'une grande incompréhension et d'un immense danger. Je sais qu'Uldren Sov et une autre créature dont je n'avais jamais entendu parler étaient la raison de cette menace. Mais, de ce que j'ai entendu dire, il n'y avait aucun ennemi véritable dans cette histoire. Aucun camp à blâmer. Cela peut rendre les choses bien plus difficiles à accepter. Le chagrin de Nadya était palpable. Je le sentais dans mon propre cœur. Mais alors même que je la voyais souffrir, je la vis se lever et retourner travailler. Elle retourna à la Cité des rêves, semaine après semaine. Je ne crois pas que nous soyons définis par nos succès, mais plutôt par notre capacité à poursuivre le combat lorsque la défaite semble inévitable. Cela ne vaut pas seulement pour les Gardiens, mais pour nous tous. Merci à vous tous d'être un bon exemple de cet état d'esprit.

Un jeune homme très aimable
Légendes
L'un de mes endroits favoris à la Tour est un petit banc isolé qui surplombe la Cité. Je vois les vaisseaux qui arrivent, ainsi que les oiseaux et les nuages. J'ai tant à faire que cela m'aide à m'extirper de la routine pendant un petit moment et à me souvenir de ce qui se passe à l'extérieur. L'autre jour, j'étais sur ce banc lorsqu'un Titan très grand vint se placer à côté de moi, ses mains croisées devant lui. « Pardonnez-moi, madame, commença-t-il, puis-je m'asseoir ici ? » Je souris et me poussai pour lui faire de la place. « Je vous en prie. » répondis-je. Il s'assit. Ses épaules étaient si larges que je dus me décaler à nouveau. Il avait apporté un sac de graines pour oiseau, et je le regardai en répandre sur le sol. Les pigeons vinrent rapidement. En y repensant, certains étaient même arrivés au moment où il s'était assis. Je me demandai à quelle fréquence il venait s'asseoir ici et comment nous avions pu nous manquer jusqu'à présent. Il n'était pas du genre à passer inaperçu. Le roucoulement des pigeons et les bruits lointains de la Cité étaient apaisants, et constatant que cet homme ne semblait pas outre mesure gêné par le silence, je fermai les yeux. Au bout d'un moment, j'entendis des bruits de pas et des murmures derrière nous. Une jeune femme, un autre Titan, vint près du banc et s'adressa à l'homme avec un sourire nerveux : « C'est un honneur de vous rencontrer. Vous êtes une véritable source d'inspiration pour tous les Titans. » Il hocha la tête humblement. « Merci. » répondit-il. Ils parlèrent brièvement. Il lui demanda son nom. Ils discutèrent du fait qu'elle revenait à peine d'une patrouille sur Io. Il loua son engagement à garantir la sécurité des habitants du système, puis elle et ses amis partirent. Mon compagnon se remit à nourrir les pigeons. Au bout d'un moment, je l'interrogeai à moitié en riant « Êtes-vous célèbre ? » Il jeta un coup d'œil dans ma direction, pencha la tête puis s'exprima de manière hésitante. « Un peu. » « Je vois, dis-je en souriant. Je m'appelle Eva. » « Saint. » Je restai assise, réfléchissant à cette réponse. « Saint-14 ? » J'avais entendu des histoires de son combat pour la Cité lors de la bataille des Six fronts, il y a de cela bien longtemps, ainsi que d'une autre histoire encore plus fantastique au cours de laquelle il avait vaincu un puissant Déchu d'un grand coup de tête. Chaque fois que j'entendais cette histoire, j'espérais qu'il portait un casque résistant. « Lui-même, confirma-t-il en répandant de nouvelles graines. Je suis ravi de vous rencontrer, Eva. » Nous restâmes assis un peu plus longtemps, observant les pigeons et les nuages, puis je dus retourner travailler. Comme je le disais, j'avais entendu bien des légendes sur Saint-14. De nombreux récits concernant les Gardiens en font des personnages mythologiques, bien loin des préoccupations des simples civils de la Cité. Le légendaire Saint-14 ne m'apparut pas du tout ainsi. À vrai dire, je pense que c'est un jeune homme très aimable.

Une lettre de mise en garde
Légendes
L'Avènement est une période de générosité et d'échanges de cadeaux. Il est toujours plaisant de recevoir un cadeau, surtout s'il a été choisi précautionneusement par quelqu'un que vous appréciez. Si vous faites preuve d'amour et d'altruisme en offrant un cadeau, cela renforce votre relation avec l'autre personne. Je pense que vous le savez déjà, mais il est aussi gratifiant d'offrir un cadeau que de le recevoir. Cependant, lorsque vous recevez de nombreux cadeaux d'une manière inattendue, observez la personne qui vous les offre. Lui avez-vous offert quelque chose ? L'échange de cadeaux n'est pas un tableau de scores, mais si vous recevez de nombreux cadeaux somptueux en or, gravés à votre nom et offerts avec moult flatteries, réfléchissez à la raison d'une telle générosité. Vous devriez parfois vous interroger sur la raison d'être de tels cadeaux. Pensez aux personnes envers lesquelles ce généreux donateur a déjà fait preuve des mêmes faveurs. Pourquoi vous ? Pourquoi maintenant ? Si vous n'avez aucune réponse satisfaisante ou rassurante à ces questions, il y a de fortes chances pour que ce donateur « stocke » des faveurs à rendre plus tard. N'oubliez pas, tous les cadeaux ne sont pas offerts gratuitement. C'est tout. Je n'ai pas d'histoire pour vous cette fois-ci, seulement une mise en garde.

Une pointe de style
Légendes
J'ai rencontré Ada-1 pour la première fois lors des semaines de préparation de l'Avènement. Elle vint à mon étal et se tint à l'écart alors que je discutais avec un client. Je l'observai du coin de l'œil. Elle était silencieuse, immobile et… peut-être un peu nerveuse. Mais je me faisais peut-être des idées. Une fois que j'eus fini avec le client, je lui fis signe d'approcher mon plan de travail, ce qu'elle fit. Elle s'arrêta un moment pour observer mes tissus, puis me demanda : « L'Avènement, est-ce une fête pour les Gardiens ? » Je souris. J'avais appris par mes clients réguliers, ceux friands de commérages, qu'Ada ne connaissait pas les traditions de la Cité. « L'Avènement est pour tout le monde », répondis-je. « Tous les habitants de la Cité et même au-delà, s'ils veulent le célébrer. » Elle resta silencieuse un moment, pensive. Je n'arrivais pas à savoir si elle était timide ou simplement l'une de ces personnes qui aiment le silence. Je la laissai tranquille. Elle finit par se retourner, faisant mine de partir, puis s'arrêta pour me regarder à nouveau. « J'ai vu vos motifs », reprit-elle, « votre charte chromatique pour ces fêtes. J'ai quelques idées, si cela vous intéresse de les entendre. » Surprise, je lui demandai immédiatement ce qu'elle avait en tête. Je découvris rapidement qu'elle avait un sens de la couleur et du design extraordinaire. Elle ne voulut pas se charger de la conception des revêtements pour l'Avènement, mais elle fut une consultante aussi talentueuse que silencieuse. Au cours des semaines qui suivirent, nous passâmes de nombreuses heures ensemble à trier les rouleaux de tissu, comparer les couleurs et étudier les assemblages. Bien qu'elle prît garde à ne pas devenir trop familière, j'aime penser qu'elle se prit d'affection pour moi, et pour l'idée de participer à une très ancienne tradition de la Cité. Je ne sais pas grand-chose d'Ada, hormis le fait qu'elle a traversé l'Âge noir. Ces temps furent difficiles. Les Gardiens n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. Traverser une telle épreuve affecte les gens de bien des manières. Certaines changent et s'améliorent, d'autres non. Après tout ce qu'elle a vécu, Ada s'est trouvé un mode de vie qui lui convient, et elle commence à peine à réconcilier cette vie avec celle de ceux qui vivent ici, à la Tour et dans la Cité. Il faut du courage pour y arriver, et je l'admire pour cela.

Une distance nécessaire
Légendes
Je crois que la Cité est à son apogée lorsque les Gardiens et les habitants qu'ils protègent vivent ensemble, et partagent des expériences et des traditions. Je sais que les Gardiens vivent des choses que beaucoup d'entre nous ne comprendront probablement jamais. Cherchant le bonheur, seule une personne stupide dirait « Je veux vivre pour toujours. » La nature de vos vies est un immense présent du Voyageur, mais c'est également un lourd fardeau que vous, Gardiens de la Cité, acceptez de bon gré en vivant ici parmi nous. À cause de la Lumière du Voyageur, les Gardiens sont sans cesse confrontés au danger. Oui, les enjeux sont différents pour les Gardiens et pour nous, mais l'impact émotionnel est-il si différent ? Ne vous faut-il pas vous désensibiliser à la peur et au traumatisme pour accomplir votre devoir ? Ikora m'incite à ne pas penser à cela, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je n'ai jamais véritablement compris Eris Morn. J'aime m'ancrer dans l'instant présent, me reposer sur les choses tangibles. Comment puis-je améliorer la vie de mes amis à cet instant ? Comment puis-je leur offrir une bonne tranche de rigolade, une conversation intéressante ou un repas délicieux ? Par le passé, je pensais qu'Eris agissait de manière parfaitement contraire à cela. Au plus profond de moi, je l'accusais même d'être… sinistre. Cependant, j'en suis venue à penser qu'elle voit simplement les choses d'un angle très différent du mien. Ce qu'elle a vécu est inimaginable pour moi, nous voyons donc le monde de deux manières différentes. Alors oui, je crois que les Gardiens et les non-Gardiens devraient vivre ensemble et se concentrer sur leurs similarités. Mais je comprends également que, parfois, nos différences nous repoussent. Pour certains d'entre vous, c'est une distance nécessaire que vous devez maintenir afin de faire votre travail. C'est une vérité avec laquelle nous devons tous apprendre à vivre. Cela dit, Eris joue un rôle dans bon nombre de nos traditions, et tout particulièrement la Fête des âmes perdues. Elle en fait tout un foin par contre ! La première fois que je lui ai demandé de l'aide, elle m'a répondu « Eva, le travail que je fais est essentiel à la survie de l'humanité. Je n'ai pas le temps pour… faire la fête. » Je lui ai alors rétorqué ce que je réponds toujours : « Les petites choses nous aident autant à survivre que les grandes. Ne laissons pas les fleurs se faner dans le pot pendant que nous creusons le jardin, Eris. » Elle n'aime jamais cette réponse, mais elle est toujours d'accord. Et je crois qu'elle est heureuse d'avoir un rôle à jouer. Je l'ai un jour vue, l'air impassible, remettre une boîte de raisins secs à un Gardien masqué, avant de se retourner et de sourire. Eris ! Souriante ! Vous rendez-vous compte ? Lorsque je planifierai un événement de l'Avènement pour lui en confier la responsabilité, elle sera aux anges. J'en suis sûre.

Les petites mains de l'Avènement
Légendes
Les cadres de la Tour ont été d'une grande aide pour faire vivre les traditions des fêtes aux habitants de la Cité. Je ne suis plus aussi jeune qu'auparavant, et il y a un tas de confettis à balayer une fois que les célébrations se terminent. L'autre jour, je me suis retrouvée dans un escalier en piteux état près de l'Annexe avec une boîte de serpentins. J'avais bien besoin d'aide. Au bas de l'escalier se trouvait un cadre qui balayait sans cesse le même recoin déjà propre. J'ai immédiatement ressenti une certaine sympathie pour lui, puis une légère pointe d'agacement. Nous pourrions tout de même mieux employer nos ressources. « Je suis ici pour la maintenance », m'expliqua le cadre. « Vous semblez bien maintenu », répondis-je gaiement. Je lui tendis la boîte de serpentins. « Cet endroit est extrêmement bien balayé. Vous pourriez peut-être m'aider à décorer la Cour ? » Le cadre pencha la tête et regarda la boîte. « Je suis ici pour la mmmmmmm… » Il me regarda à nouveau. Il se remit à balayer, mais plus rapidement. « Main… zzzt… cette tâche est au-dessus… son Excellence… ne pas engager, f-f-f-fin de la conv… » J'attendis patiemment. « Sa bien-bienveil-lante majest-t-t-té, maje-maintenance. » Il arrêta de balayer. « Je suis ici pour la maintenance. » Je soupirai, posai la boîte et lui pris le balai. Je l'appuyai contre le mur et ramassai à nouveau la boîte. Mon dos me faisait déjà mal. Je lui confiai la boîte et pointai l'escalier. « Venez avec moi. » En l'amadouant, je réussis à l'attirer jusqu'à la Cour. Je pointai les endroits où je souhaitais qu'il accroche les serpentins. « Je suis ici pour la maintenance », dit-il faiblement. Je le laissai travailler, n'ayant que peu d'espoir que cela soit fait selon mes standards, mais personne ne peut se montrer exigeant quand le temps presse. Lorsque je revins, je constatai sans étonnement que le cadre et la boîte de serpentins avaient disparu. Décidant de me concentrer sur les choses importantes, j'en restai là. Désormais, je suis encore plus reconnaissante des cadres amicaux et pleinement opérationnels que j'emploie.