Sacrifice partie 2

16 NOV 2020 - Destiny Dev Team

NÉ DE L'IRE

« Euh. » Sagira relie un brin de Lumière au tableau de commande du vaisseau interstellaire alors qu'ils basculent dans le précipice noir, des étoiles scintillant au loin. « Il y a quelque chose dans les parasites… »

« Qu'est-ce que c'est ? », demande Osiris.

« Une sorte de transmission subspatiale. Attendez. » Sagira améliore le récepteur de communications du vaisseau. « C'est un message cabal. »

« D'où ? » Osiris repousse distraitement du pied un sac de bonbons et se penche en avant.

« Quelque part en dehors du système. Le système de chiffrage est plutôt lourd, mais… une partie se répète. Un nom. Caiatl ? »

« Combien de dirigeants cabals se disputent encore l'empire sur la tombe de Ghaul ? Qu'ils s'éliminent entre eux. »

« Les réponses viennent de Nessos, du Récif, de la ZME.  Elle incite la Légion à rentrer à la maison… Non. À la rejoindre ? Elle veut qu'ils capturent Calus pour lui prouver leur loyauté, mais c'est à croire que le Léviathan a disparu. »

« Leur querelle sanglante se poursuit. Si Caiatl éveille la Légion, l'Avant-garde voudra connaître ses plans. »

« L'un des signaux de réponse offre un tribut à Caiatl quelque part près de l'Incision de Soriks. Il y a aussi des bruits bizarres. »

« Ce message-là, lâche Osiris en pointant un résultat de l'analyse de Sagira sur l'écran. Caiatl envoie un émissaire réceptionner le tribut. » 

« La Côte. Nous ne sommes pas très loin, déclare Sagira. On écoute ou on s'invite ? »

 « On agira après la remise de l'offrande. Je ne tiens pas à ce que l'empire cabal sache que l'on épie ses communications. »

Une horde de Cabals est rassemblée dans un abri de fortune, formé de plusieurs capsules de siège hors service. De la lumière verte s'échappe des fissures. Une bannière bleu royal de facture cabale est étendue dans une sordide boue bouillonnante. Sagira et son Gardien surveillent la scène, perchés sur des ruines déchues au-dessus du Chaudron. Le plus clair de la soirée se passe dans le silence. Il n'y a qu'une seule exception notable : les affirmations répétées de Sagira. « Ils sont juste rassemblés autour de ce caillou. »

« La patience est une vertu, Sagira. » Osiris ferme les yeux pour ne plus voir le ciel du Récif et attend les signaux lui permettant de comprendre les plans des Ténèbres. Les étoiles l'observent. Il est écrasé par le poids de cet espace noir de jais qui s'étend sur des années-lumière.

Soudain, des cris transpercent la nuit. 

Osiris s'éveille en sursaut. Ses yeux s'ouvrent et il fait face à la dérive nébuleuse de la Côte. « Sagira, au rapport. »

« Ils sont toujours là. Dix-huit signes vitaux. Aucun coup de feu. Personne n'a bougé. Je n'aime pas ça. »

Des heures épuisantes passent. Le jour se lève. Aucune embuscade cabale n'est tentée contre les Infâmes, aucun métallurgiste ne ressoude les boucliers des Phalanges à l'aide de scories fondues, aucun Psion éclaireur ne remonte la piste des tirs.

« Ça bouge ! » Sagira épie par-dessus le rebord de leur perchoir. La trappe de secours de la capsule avant du dôme s'ouvre d'un coup et claque contre le mur de l'abri. Dix êtres sortent : neuf chancelants, habillés d'un rouge terne, un vêtu de bleu vif. Ils se dispersent dans la Côte.

Osiris se frotte les yeux. « Enfin. » À travers les fissures, il voit les autres Cabals, agenouillés en cercle. Une protubérance de pierre trône au centre. 

« Quelle est la composition de cette roche ? » demande Osiris.

« Plutôt bonne, je dirais. »

« Sagira… c'est plus que suspect. »

« Vous avez raison et je déteste l'admettre. » Le petit Spectre prend quelques instants pour diriger ses capteurs à longue portée vers la roche. « Oh, ce n'est pas une roche. Cela vient de la Ruche. C'est biologique. »

Osiris descend vers les flaques âcres en flottant sur sa Lumière. Sagira le suit de près. 

Il bondit sur le seuil de la porte de la capsule ouverte. Une flamme céleste danse dans chacune de ses paumes. Huit Cabals restent assis sans bouger.
Ils sont blottis autour de la protubérance. Leurs corps massifs forment un rempart de chair tremblante. Un bruit d'aura de feu s'échappe de leurs combinaisons pressurisées boursouflées. Ils semblent obnubilés par quelque chose. Leurs yeux gonflés trahissent une profonde rage et une grande rancœur. Leur placage frontal est constellé d'excroissances fibreuses de la Ruche. Leurs mains agrippent fermement leurs gorges. Des plombeurs sont déposés au pied de l'idole.

Osiris s'avance parmi eux sans qu'ils s'en aperçoivent et baisse les mains. Sagira entre dans le périmètre des Cabals pour analyser la protubérance.

« C'est effrayant. Ils ne nous voient même pas. Tenez-vous quand même prêt à combattre. » Elle se tourne vers Osiris. « C'est la roche la plus vascularisée que j'aie jamais analysée. » 

Osiris observe l'intérieur de la protubérance. Des taches métalliques scintillent et il distingue un long chemin vide. Il est sinueux. Osiris aimerait y planter une bannière, afin que tous la remarquent. Une balise, embrasée par la flamme du phénix. La terrasse des lames se détache dans la lumière naissante de la flamme. La terrasse domine le chemin ; son précipice le prenant à la gorge. Il élève la Lame de l'aube en signe d'accueil. Une cacophonie déchirante s'empare de ses sens.
 
JE SUIS LA GUERRE QUE TU VEUX MENER. UNE RAISON D'ÊTRE ÉTERNELLE. UN HÉRITAGE DE SANG.
 
« Elle regorge de veines d'aura de feu. » La voix de Sagira n'atteint pas Osiris. Elle lui donne un petit coup.

QUAND TU DÉGAINES DES LAMES, TU ME DÉGAINES MOI. 

« Vous entendez les murmures ? », s'enquiert Osiris en mangeant ses mots.

TU NE PEUX RÉSISTER SANS INVOQUER MA BANNIÈRE.

« Vous entendez quelque chose ? » Sagira volète près de lui.

ACCUEILLE-MOI, PORTEUR DE LUMIÈRE, ET SOIS UN DIEU DE LA MORT.

« Des murmures. » Son esprit se trouble.

L'un des Cabals se relève et se tourne vers Osiris.

« Secouez-vous, ils se réveillent », s'exclame Sagira avant de se décompiler pour échapper au danger.

DÉVORE OU SOIS DÉVORÉ.

Le Cabal s'avance lentement. Osiris se fait incendiaire. Ses flammes cuisent l'intérieur de la capsule. Les Cabals agenouillés échappent à leur transe et se relèvent dans l'air brûlant. Des sept restants, deux périssent instantanément sous une pluie de décharges célestes. Osiris se pose au sol et libère une chaîne cryo-électrique qui frappe tous les Légionnaires patauds. Les éclairs se recourbent au contact du bouclier magnétique de la capsule. Il déchaîne sur eux un orage jusqu'à ce qu'il entende et voie le gel de pression s'échapper de leurs combinaisons. 

Osiris prend une profonde inspiration. L'odeur de leurs corps brûlés envahit ses narines. La scène gagne en clarté. Horreur, brûlure et carbonisation.

« Sagira… »


CO-DÉPENDANTS

« Vous êtes prêts à me dire ce qui s'est passé ? », s'enquiert Sagira. Elle pilote le vaisseau interstellaire et volète au-dessus du tableau de commande.

« J'aimerais pouvoir le faire. Je me souviens que nous suivions l'émissaire de Caiatl. Nous avons trouvé les Cabals. Je me souviens du ciel nocturne. Et puis… seulement des flammes et de la rage. J'ai dû mobiliser toutes les fibres de mon être pour me débarrasser de ces pensées. » Osiris s'avachit dans son siège. « J'ai un souvenir précis. J'ai ressenti le murmure des Ténèbres que nous recherchions. C'était comme un aiguillon planté dans ma colonne vertébrale. Il doit être à l'origine de tout cela. »  

Alors que ses pensées contemplent la sénescence, d'anciennes paroles venues du passé résonnent à ses oreilles.

« Osiris, la Cité n'aura bientôt plus besoin d'hommes comme nous. De loups solitaires. Nous mourons.
Assurez-vous de faire bon usage de votre Lumière au moment de partir. »

« Bon, dit Sagira, sa voix trahissant une grande inquiétude qu'elle dissimule. J'ai procédé à des analyses. À longue portée, à courte portée… partout où la présence de la Ruche est importante. Cela ne peut pas être restreint au seul Récif. »

« Pétra, comment avons-nous pu être si aveugles ? songe Osiris. La Ruche enfle dans les Ténèbres alors que les Gardiens se précipitent sur Europe. Il fallait lire entre les lignes. Je n'ai pas vu l'avertissement. »

« Vous avez assez broyé du noir. Nous découvrons tout cela assez tôt. C'est peut-être une bonne chose. »

« Je ne peux pas détourner l'Avant-garde d'Europe avec des souvenirs brumeux et de simples suppositions. Ils commencent à peine à m'accepter et à me refaire confiance. »

L'écho des signaux s'échappe des écrans du vaisseau et attire l'attention d'Osiris. « Les signaux de vos analyses. »

« La Lune. Le signal est bien plus puissant que celui découvert près de l'Incision de Sorik. »

Osiris change de position et lève la tête. « Vous avez peut-être raison pour le timing. Nous pouvons tout arrêter avant que cela ne commence. Ouvrez un canal avec Eris. »

« J'ai déjà essayé. Elle euh… elle ne répond pas. »

« Alors nous irons jusqu'à elle. »

« Non, non, non. Ça commence comme ça et ça finit en mission suicide au Gouffre des enfers. Vous n'êtes pas en état. Reposez-vous et nous en reparlerons. »

Les pensées d'Osiris reviennent en boucle. Sagira a raison. Sa vision est brouillée par le manque de sommeil. « Alors, fais demi-tour. »

« Osiris, j'ai déjà envoyé tout ce que nous avons à Pétra et à l'Avant-garde. Nous allons sur Terre. »

« Quoi que nous devions affronter, cela se répand dans les entrailles du système. Quelqu'un à la Côte connaît tout cela très bien. Sagira, je ne suis tout de même pas trop fragile pour avoir une conversation. »

« Je suis sûre que beaucoup d'autres personnes à la Tour sauraient se montrer aussi utiles. »

Osiris lui lance un regard noir. « Je ne suis pas un invalide sénile ! » Il attrape le manche. « Fais demi-tour ou je le fais moi-même. »

« Cette Araignée, j'espère qu'elle aura des réponses pour nous », lâche Sagira.

« D'après ce que je sais, il suffit de se montrer persuasif », explique Osiris en suivant un associé éliksni derrière les rideaux couleur prune qui séparent la demeure de l'Araignée. L'imposant seigneur de la Côte est étendu devant eux.

« Bienvenue, très cher Osiris. Je n'ai pas encore eu la chance de vous recevoir dans ma modeste demeure, mais votre réputation vous précède. » L'Araignée entremêle ses huit doigts tandis que sa voix est entrecoupée de gorgées saccadées et gazeuses. « Les documents que vous m'avez envoyés sont…très intéressants. Mais obsolètes. »

L'Araignée ricane. « Certains de mes meilleurs hommes travaillent déjà sur ces… cryptolithes. Mais à cheval donné… Comment dit-on déjà ? Ah oui, "on ne regarde pas les dents". »

Ses associés courent le long des murs de la pièce. Des marchandises changent de mains à une vitesse folle. Osiris étudie leurs mouvements. Un associé s'approche de l'Araignée et attend à côté de lui.

« Qu'y a-t-il, Arrha ? Tu sais bien qu'il ne faut pas interrompre les invités. »

Arrha jette un coup d'œil vers Osiris avant de s'exprimer rapidement en éliksni. L'Araignée abat un poing imposant. « Alors, allez le chercher ! »

L'Araignée se retourne vers Osiris tandis qu'Arrha décampe. « Toutes mes excuses. Des interruptions de travail dues à cette… période difficile », explique l'Araignée en pointant vers le haut sans grand enthousiasme. Il retient une quinte de toux et s'agrippe à son recycleur d'éther.

« Les Cabals ne sont pas les seuls à rencontrer des problèmes, n'est-ce pas ? demande Sagira en se plaçant devant Osiris. Vous savez que je parle l'éliksni, non ? »

Elle lance des bribes de messages de détresse cabals et d'ordres des éclaireurs de Caiatl forçant la fermeture des camps. Elle affiche ensuite des images de massacres, de tombes et de fortifications cabales vides. « Si cela les touche si fortement, vos associés doivent… comment dit-on déjà ? Tomber comme des mouches. »

« Le sage Osiris et sa brillante petite Lumière », songe l'Araignée.

« Sagira », corrigent-ils de concert.

« Bien sûr. Pourquoi ne pas établir un… partenariat profitable à chacun ? »

Osiris s'avance d'un pas. « Quel problème souhaitez-vous voir résolu, Souverain de la Côte ? »

L'Araignée se délecte de ce titre. « Je sais que les cryptolithes viennent de la Ruche. Je sais qu'ici les couvées brûlent les bannières d'Oryx. Et je sais que le squelette de son Ver est éveillé, celui dans les anneaux de Saturne. » L'Araignée lève ses quatre bras en l'air, visiblement désemparé. « Ma juridiction se limite aux rives de la Côte, bien sûr… mais pas la vôtre. »


N'AYEZ CRAINTE

Osiris empale la tête d'une Prêtresse sur une petite pointe, entourée par un sceau de la Ruche fraîchement ensanglanté. La console du Cuirassé s'anime, acceptant son tribut. 

La vieille zone de téléportation de Cayde n'est plus opérationnelle, mais l'immense brèche laissée par l'impact du Dantalion Exodus VI est encore béante. L'entrée ne s'est pas révélée trop difficile, même si les halls grouillent d'Esclaves nouvellement apparus. Ils sont encore jeunes et Osiris a passé pratiquement un siècle dans la Forêt infinie à améliorer sa furtivité.

Les systèmes du Cuirassé sont une mémoire vivante. Ils renferment des chroniques et des hymnes narrant d'innombrables histoires. C'est un amoncèlement d'idées qui s'estompent, une carcasse irréparable, dévastée par des connexions défaillantes. Des interprétations périclitent tandis qu'Akka connaît une mort lente et définitive. Mais il est possible d'en tirer des connaissances. Osiris demande à Sagira d'arracher des pans de données de la console pour le haut commandement de l'Avant-garde.

« Vous avez trouvé la plus dégoûtante. Je ne touche pas à ça. Dictez-moi ce que je dois transmettre. »

Osiris ricane et attrape la tête. Il suit le récit de la Ruche depuis la mort d'Oryx. Ses membres sont divisés par des luttes de pouvoir internes. Cela le mène au récit de Savathûn, bannie, marquée du sceau de l'hérésie et vouée au bûcher. De nombreux membres de la Ruche se sont tournés vers elle à la mort d'Oryx. Beaucoup de ces couvées ont fui lorsque les Ténèbres ont envahi le système solaire, obligeant Savathûn à se cacher. Elle est toujours traquée par les chiens de guerre. Sa poursuivante n'a aucune histoire locale à raconter, car elle n'a pas encore été écrite dans le sang. Le Célébrant de la guerre tente de tenir les enfants perdus de Cropta à l'écart des plans de la reine sorcière. Pour parvenir à l'unité. Pour rendre justice. Pour apporter la gloire. La Lune sera reformée à son image. Tous les tributs à Xivu Arath. Tous les tributs au tranchant noir de sa lame chantante.

JE SUIS LE TAPAGE DU RAVISSEMENT. JE SUIS LE HÉRAUT DE LA PAIX. TU CONNAIS MA BANNIÈRE. 

« Xivu Arath », lâche Osiris. Des mots formés sous la contrainte. Il ôte ses mains de la tête de la Prêtresse tandis qu'une fumée couleur émeraude s'en échappe.

Osiris tombe à genou. « Ce doit être l'écho que nous cherchions. Un signe de sa voix résonnant dans les Ténèbres et annonçant la guerre. »

« Une déesse de la guerre de la Ruche. C'est pas bon », s'exclame Sagira.

« La troisième sœur. Elle est enfin venue pour nous et son champion cherche à supplanter les filles de Cropta encore présentes sur la Lune. C'est là que nous devons aller. »

Dans le gouffre de la Lune. Ils suivent la piste des signaux dans l'Abysse tenace. À travers de très nombreux Cauchemars. 

Il se tient en face de la chose pendant ce qui semble être des heures. La grande chose angulaire, le bord de la nuit qui occupe ses arrière-pensées.  

« On reste sans voix ? », le taquine Sagira. « Elles ne sont peut-être pas si dangereuses. » Son ricanement trahit un certain malaise. 

Ils avancent. 

Osiris repousse les fils de toile soyeux qui se trouvent au-dessus de l'ombre de la Pyramide lunaire. Des braseros illuminent un synode de Tékiennes et de Prêtresses au fond du gouffre. Tout indique un alignement vers un sceau monolithique de Xivu Arath placé au sommet d'un cryptolithe décoré de lames. Sa volonté est projetée depuis un vide cosmique lointain et invisible. Au bas de son visage se trouve un Chevalier monstrueux, orné de tapisseries roussies par des marques brûlantes.

« Nous y voilà », murmure Osiris.

« Nous et toute la Cour écarlate », lâche Sagira dans un grésillement.

« Les derniers enfants de Cropta et leur engeance peuvent être détruits d'un même coup. »

« Qu'est-ce qui vous prend avec vos idées suicidaires ? Il est impossible de se téléporter hors d'ici et ils ne se contenteront pas de vous tuer. Ils vous arracheront votre Lumière, Osiris. »

« Ils sont tous là, Sagira. Au même endroit. »

« Votre vie est plus précieuse que quelques nobles de la Ruche. Attendez les renforts. Laissez-moi remonter et appeler du monde. »

« Non. Nous mettons un terme à tout cela maintenant. Nous allons arrêter Xivu Arath. » Osiris observe l'assemblée sous ses pieds. « C'est décidé. »

« Vous ne pouvez pas décider ça ! »

Osiris se tourne vers Sagira. « Allez chercher de l'aide. Je ne peux pas attendre l'Avant-garde. Je vous retrouve bientôt, avec les renforts. »
« Si vous y allez, j'y vais aussi. » Elle se décompile et se met à l'abri sous son armure. C'est décidé. Ensemble, ils font la guerre à la Ruche.

Des ailes solaires apparaissent dans le dos d'Osiris. Dans chaque main, il tient une lame de l'aube. Les dégâts engendrés par son brasier dispersent les membres de la Ruche dans toutes les directions. Voshyr et ses deux filles, Yishra et Ayriax, se retournent pour affronter le phénix. Elles sont réduites en cendres avant de pouvoir achever leur première incantation. L'ambiance devient apocalyptique. Quinze couvées nobles sont carbonisées avant qu'une défense soit mise en place.

UN RIRE TEL UN COMBAT D'ÉPÉES.

Osiris avance dans les airs tandis que des dagues d'énergie noire sifflent à ses oreilles. Des échos dorés se séparent de son corps pour abattre les membres de la Ruche en fuite et exercer des représailles. Kinox, la dernière fille de Cropta, fuit par les fissures entre les roches tandis que son fils, Ulg'Urin et sa cohorte de Chevaliers inférieurs lèvent leurs boucliers pour la défendre. Osiris éteint une lame dans sa paume pour former une singularité abyssale et projette une Bombe nova qui les consume. Il s'élance, son autre lame pointée vers l'avant. Il la plonge dans le sol, faisant apparaître une Source de radiance entourée par une phalange de ses échos dorés. 

Les nobles hurlent à leurs Esclaves de charger. Des traits solaires et cryo-électriques les transpercent alors qu'Osiris disparaît dans les abysses pour passer d'un écho à l'autre. Leur première ligne se brise. Il enjambe les carcasses fumantes et dirige ses flammes vers leurs maîtres. 

Osiris savoure le massacre. Le sceau de Xivu Arath absorbe sa ferveur et les morts des nobles.
UN RIRE TEL UN CRI DE TERREUR.

Le visage de Xivu Arath s'enhardit. Le Célébrant attend au pied de son cryptolithe, épargné par les flammes.

Les échos d'Osiris convergent vers le Gardien. « AFFRONTE-MOI ! » hurle-t-il en avançant.

Le visage de Xivu Arath émet une onde de choc qui gronde dans le gouffre. Elle déchire la source d'Osiris et l'envoie voler au sol. Son dos heurte la falaise derrière lui.

« Qu'est-ce que c'était ? » Sa question trahit son état de choc. Il tente en vain de repousser une force invisible.

TU BRÛLES DES OFFRANDES, JE LES ACCEPTE.

La volonté de Xivu Arath l'emporte sur la force de sa Lumière. Elle scelle les flammes dans ses chairs et épingle son corps sur la pierre, le paralysant. L'image de Xivu Arath se déforme sur une toile concave autour d'Osiris, le Célébrant placé en son centre. Les ombres envahissent le phénix, piétinant les limites de sa puissance.

Osiris se concentre sur l'étincelle dans son cœur. Des flammes enflent de l'intérieur. D'innombrables échos dorés s'échappent de lui, mettant la prise de Xivu Arath à l'épreuve, appuyant sur les points faibles. Le soleil chante pour repousser les ténèbres. Il trouve un répit, libère une de ses mains et déchaîne la Portée du chaos. Le rayon cryo-électrique déchire le sceau de Xivu Arath. Des éclats d'aura de feu sont projetés tandis que des fissures lézardent la projection de la déesse.

Imperturbable, elle ne cède pas.

RÉSISTE-MOI, PORTEUR DE LUMIÈRE.
La volonté de la déesse surpasse celle du Gardien ; elle est plus puissante que jamais. 

Le Célébrant s'avance. Un couperet massif pend de sa main, mais il ne sent pas son poids. La bête grave une rune dans la pierre de chaque côté d'Osiris, ne le quittant pas du regard. Il hoche la tête puis retourne vers le sceau. 

« Tous les tributs à Xivu Arath. Dominante à la guerre. Incessante. » Sa voix est rauque. 

Les runes s'illuminent dans une lueur multicolore. 

« Osiris. » La voix de Sagira émet des parasites dans son oreille. « L'un de nous doit s'en sortir, prévenir les autres. »

« Je suis désolé, Sagira… Fuis… » Il parvient à peine à parler sous l'effet de la contrainte.

Le Célébrant plante son épée dans la falaise au-dessus de la tête d'Osiris. Le cryptolithe émet un éclat fluorescent.

« Meurs bien, Osiris. » Le Célébrant s'incline et se retire dans les profondeurs de la Lune.

Des fouets de Lumière s'échappent du corps d'Osiris, lui tranchant la peau et s'enroulant autour de la lame fichée au-dessus de sa tête pour former une pelote.

La voix de Sagira n'est plus qu'un murmure. « Je ne les laisserai pas te prendre. »

TA FORCE SURVIVRA À TRAVERS MOI.

« Donne à Saint… mes archives privées », lâche Osiris en fermant les yeux. Il se voit dans un million de permutations. Chaque chemin est une vie en quelques instantanés. Il en retire tout ce qu'il peut. Cela ne suffit pas à savourer l'instant, mais c'est assez pour être immortalisé dans une brume nostalgique. Dans l'une de ces vies, il est un guerrier flamboyant, repoussant les horreurs des nuits les plus terribles. Dans une autre, il est une gargouille qui veille au sommet de la Forêt infinie. Un ancêtre grisonnant supervisant des disciples assidus. 

Dans beaucoup, il est mort.

Mais il en est une où Osiris trouve le bonheur. Il découvre un temps loin des luttes. Il y trouve Saint, un rêve de douce sérénité. La paix de sa raison d'être. Avec Saint, un avenir aurait pu être suffisant. 

Tant de moments non vécus, perdus entre deux départs au combat. Il aurait aimé que Sagira ne vienne pas le voir mourir. Sa compagne fidèle. Son étoile directrice. Son espoir, son humanité. « Sagira. Dans toutes les vies que nous avons passées ensemble… tu as toujours été ce que j'avais de plus précieux. »

Sa Lumière se brise.

« Osiris, pourquoi tu ne m'écoutes jamais ? » Elle apparaît devant lui.

« Qu'est-ce que tu… » 

« Tais-toi ! Écoute-moi bien ! » Son iris émet une puissante Lumière. « Tu as encore de grandes choses à accomplir. Ne perds pas espoir face aux Ténèbres. » Elle irradie.

Osiris laisse échapper un dernier mot alors qu'il tente de le retenir : « Non. » Il comprendra avec le temps. Elle l'a vu.

Une Lumière aveuglante surgit du noyau de Sagira alors qu'elle se scinde. Une vague lumineuse surgit et parcourt le gouffre. Son sacrifice purifie toute trace de Xivu Arath. Le sceau est effacé, le cryptolithe qui permettait sa projection est détruit.  

Osiris prend une profonde inspiration. Seul.

L'égide de la Lumière de Sagira persiste pendant des jours dans l'ombre de la Pyramide.
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